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1- L'AVANT STONES

2- STONES

3- LE POLY-INSTRUMENTISTE

Brian fait partie de ces humains à qui la nature ou la providence ont fait don de tout ce que l'homme peut espérer et que rien de ce qu'il obtient de la vie ne satisfait vraiment. Cette propension au malheur lui vient sans doute de son enfance où il fut opprimé par sa famille. Sa vie en tant que Rolling Stone ne lui apportera pas non plus le bonheur...

Les débuts sont peu brillants, malgré le show au Marquee en remplacement du Blues Incorporated qui jouait ce soir là pour la BBC. Mais l’histoire va pourtant s’accélérer d’un coup grâce à Georgio Gomelski, autre personnage mythique du Swinging London, organisateur de concerts et manager haut en couleur, qui a créé un Club de Jazz à Richmond, banlieue de Londres, et qui engage les Rolling Stones. Brian prend des engagements de management avec lui mais ne signe rien. A cette époque, il est le leader incontestable du groupe. Non seulement il l’a fondé mais il en est le guitariste principal, Keith est encore en "apprentissage". Son passé, son charisme et son audace en font la vedette. De plus il a trouvé le nom de la formation, l’empruntant à Muddy Waters, qui a écrit Rollin’ Stone Blues. Vedette, car le groupe démarre très vite. Sa musique originale, le blues de Chicago que Brian affectionne (Mick et Keith sont plutôt fans de Berry) et qu’il a fait découvrir aux autres, rend les jeunes spectateurs hystériques. Sa beauté, sa froideur et sa technique, excellente pour l’époque, en font tout de suite une idole incontestée. En deux mois la machine est lancée. Gomelski part en Suisse enterrer son père. Andrew Loog Oldham en profite et met la main sur le groupe. C’est Brian qui signe le contrat de management en bonne et due forme, alors qu’il est mineur, et c’est lui aussi qui décide avec Oldham d’écarter Stewart, qui en voudra éternellement à Jones. Les autres ont toujours fait profil bas sur le sujet. Ce départ reste un point obscur de l’histoire du groupe, car s’il est clair que le sixième homme était de trop dans l’optique d’un grand succès pop, il est aussi nettement attesté que Stewart a accepté tout de suite de passer au second plan tout en restant l’homme clé de l’organisation.

Un tel parcours est unique dans l’histoire du Rock. Les deux premières années de succès sont l’âge d’or de Brian, il est aux anges. Mais rapidement des problèmes se font jour, et son état de santé se détériore. Dès 1964, il est absent de certains concerts. L’asthme lui joue de vilains tours et l’oblige à s’isoler complètement, épuisé par ses crises. A cette époque, les Stones jouent à quatre ou reprennent occasionnelement Stewart. Au départ, Brian est le grand ami de Keith et ils forment un magnifique duo de guitaristes. Dès qu’ils quittent la misère, les liens se distendent et jusqu’à la fin de sa vie Brian sera isolé du reste du groupe. Il se rapproche parfois de l’un ou de l’autre mais son caractère instable, sa maladie et son goût de l’excès l’écartent invariablement. Dès 1963, au début d’une suite quasi ininterrompue de tournées longues et harassantes qui finit début 1966, Brian est proche de Bill avec qui il partage un goût immodéré pour les femmes. Son aura est exceptionnelle, l’influence et la fascination qu’il exerçait à Chetelham se démultiplie à l’échelle de Londres puis du monde. Toute les filles lui tombent dans les bras et les hommes cherchent à l’imiter.A partir de 1965, il est très copain avec Bob Dylan et Jimi Hendrix aura une grande affection pour lui. Entre 1966 et 1967, on le voit beaucoup avec Keith et Mick, au Maroc notamment. C'est surtout parce que Keith est attiré par Anita Pallenberg qu’il se rapproche de Brian en 1966. En matière de petites amies, il a toujours su se faire aimer des plus belles filles, mais son comportement violent, ses infidélités et son fond d’instabilité le rendent vite insupportable. Par ailleurs, et malgré son mauvais état de santé que les tournées n’arrangent pas, Brian s’est rapidement mis aux drogues. Pas l’héroïne ou la cocaïne, peu répandues au début des sixties mais tous les hallucinogènes et le haschisch. Il devient très vite une pharmacie ambulante. A Monterey il se bourre de pilules multicolores et lorsqu’on lui demande ce que c’est, il répond: "poche gauche amphétamines, poche droite calmants". Petit à petit Brian se détruit.

Vu de l’extérieur tout est parfait, le groupe vole de succès en succès et rivalise avec le grand modèle de Brian, les Beatles. Plus splendide que jamais, sur les photos comme sur scène, il arbore des vêtements de plus en plus incroyables. Car Brian sait s’habiller et les tenues qu’il portent, qui passent du classique au hippie en passant par le psychédélique, lui vont à merveille sans qu’il n’ait jamais l’air déguisé. Il est le premier à adopter des tenues ambigües avec chapeaux et bijoux, sans que jamais on ne l’accuse d’être un inverti. Mais à l’intérieur l’édifice se lézarde. Sa démarche se fait hésitante et s’il est capable d’éblouir le public, les autres Stones ressentent de plus en plus durement ses absences. En 1966 il sèche beaucoup de sessions, et surtout il a raté le train de la composition des chansons. Un domaine qui scellera la complicité de Mick et Keith avec l’aide très interressée d’Oldham, ce dernier n’ayant aucun atome crochu avec Jones. Il préfère travailler avec les futurs Glimmer Twins, moins imprévisibles.

Stoned

L’année 1967 verra tout l’édifice s’écrouler. D’abord Keith pique Anita à Brian lors d’un voyage en voiture jusqu’au Maroc. Brian, malade, est hospitalisé à Albi, les autres continuent sans lui et à l’arrivée à Tanger Anita a changé de main. Après cette séparation il ne reprendra jamais vraiment pied. Viennent ensuite différentes arrestations qui l’affectent beaucoup, la plus célèbre ayant lieu à Redlands chez Keith. Brian n’a jamais écrit un seul morceau pour les Stones, si l’on excepte l’instrumental Dust My Pyramids, jingle de trente secondes crédité Richards/Jones pour l’émission Rythm’N’Blues du 31 octobre 1964 et les titres signés Nanker Phelge. Sa seule œuvre en dehors de sa contribution d’instrumentiste et d’arrangeur dans le groupe est la musique de A Degree Of Murder, que l’on n’a pu, à ce jour, écouter dans des conditions correctes, quant à l’album "Brian Jones Presents The Pipe Of Pan At Joujouka", il n’en était que le producteur. Il a participé à l’enregistrement de quelques chansons auprès d’autres artistes: Yellow Submarine (percussions et chœurs), You Know My Name (Look At The Number) (saxophone) et All You Need Is Love (applaudissements) pour les Beatles, The Last Smile et I’m Not Saying (guitare) pour Nico.

Toute l’influence de Jones sur les sixties provient donc de son implication dans le Swinging London et de son aura de leader puis co-leader du groupe le plus insolent et le plus branché de la pop music, les Beatles mis à part. Mais les Beatles sont rapidement tombés, si l’on peut dire, dans le domaine public, leur influence s’étendant des midinettes prépubères aux hippies les plus branchés de la côte ouest des USA. Brian, lui, entre la fin 1965 et la fin de 1967, a promené sa silhouette élégante, son charisme maléfique et sa folie ordinaire, très lysergique, d’un continent à l’autre. Fêté au Monterey Pop en 1967 où il présente le show d’Hendrix, chouchouté à New York en 1965 où Dylan met de côté son cynisme habituel et le cajole, admiré à Marrakech où Saint-Laurent le reçoit, adulé à Londres où sa simple apparition déchaîne les foules, Brian vit sur un nuage, la tête presque complètement explosée. Les arrestations pour consommation de drogue, la perte d’Anita et la prise de conscience de sa complète marginalisation au sein du groupe lui rendent insupportables ses rares moments de lucidité.

Majestés sataniques

Fin 1967, il est au plus bas et tombe en dépression. Il boit, il a une mine affreuse et sa beauté s’enfuie. Une des rares personnes à compatir, Marianne Faithfull, n’est bientôt plus en état de l’aider. Les Stones aussi vont à vau l’eau et la sortie puis l’échec, musical, critique et commercial, de Their Satanic Majesties, dont Brian rejette les orientations musicales, amène le groupe à l’impasse. . .Début 1968, Mick et Keith redressent la barre et Brian se raccroche au train. Bien que Ry Cooder ou Dave Mason participent à la préparation de Beggars Banquet, Brian reste le guitariste des Stones. Mais il se traîne. Dans One + One, le film de Godard, on le voit mais aucun micro n’enregistre sa partie de guitare sèche sur Sympathy For The Devil. Sa contribution est controversée, Richards, Wyman, Tony Sanchez la minimisent mais Jimmy Miller, le producteur affirme que Brian à fait beaucoup de chose sur le disque. Qui croire ? Une chose est sûre la nouvelle orientation musicale lui plaît. Mais il est souvent largué, bourré, pété. Les Stones ne tournent plus, l’heure est aux batailles de rue, à la révolution, l’Amérique a repris le dessus en matière d’innovation, avec le rock de la côte ouest, on ne jure plus que par San Francisco, le Jefferson Airplaine, le Grateful Dead, etc. Les Who et plus tard Led Zepellin raflent la mise. Il n’y plus de midinette surexcitée à tous les coins de rue, plus de tournée hystérique et Brian se sent bien seul, ses amis l’ont abandonné, il n’a presque plus d’argent faute de droits d’auteur. Lui qui flambait dans sa Rolls qu’il conduisait comme un fou, est à la traîne. On le voit dans le "Rock And Roll Circus" fin 1968, mais sa beauté lointaine ne fait pas illusion, Mick et Keith sont les maîtres, et Nicky Hopkins semble n’être là que pour combler sa défaillance. Début 1969, on le voit à Ceylan où il se fait jeter d’un hôtel, on l’avait pris pour un beatnik sans un sou ! L’année 1969 débute donc doucement et pendant que Brian voyage, Mick se lance dans le cinéma et Keith dans l’héroïne. Brusquement tout s’accélère, les Stones veulent et doivent pour retrouver leur aura, organiser une grande tournée américaine. Brian ne peut pas suivre, problème de visa, incapacité physique, il a beaucoup grossi et quand il vient aux sessions il s’endort sur la moquette du studio. Jagger et Richards veulent avancer, le 8 juin 1969 la séparation est annoncée. Il se retire dans le manoir qu’il a acheté à Cotchford Farm, dans lequel a vécu l’auteur de Winnie l’Ourson. Son départ aurait été acheté à prix d’or par le reste du groupe et c’est Charlie, toujours bonne pâte, qui lui aurait présenté le deal

Ange brisé

Tout de suite après il a des projets, contacte Alexis Korner, veut former un groupe et jouer du blues. Mais il se décourage vite du fait d’avoir été viré de sa propre formation. On ne saura jamais s’il aurait réussi à remonter la pente, en tout cas il semble certain qu’il avait arrêté les drogues et repris une vie plus seine après son départ des Stones. Mais il était maudit et il se noie dans la nuit du 2 au 3 juillet 1969. Meurtre ou accident ? Quoi qu’il en soit le suicide est à écarter. On ne se noie pas dans sa piscine en maillot de bain pendant que l’infirmière a le dos tourné. 25 ans après, Frank Thorogood, le maçon qui travaillait dans la maison de Brian avoue le meurtre sur son lit de mort. Que croire ?

On a dit que la mort de Brian était une sorte d’aubaine pour le groupe. Au contraire, elle a instauré un climat de suspicion, Marianne tenta de se suicider et Richards s’enfonça dans la drogue.

La tournée 1969 est un succès mais est parcourue de mauvaises vibrations et pendant très longtemps le guitariste des Stones restera, dans l’esprit des fans, Brian Jones.

Aujourd’hui tout cela est bien loin, Brian n’est plus qu’une de ces figures mythiques des sixties qui s’estompe, sans plus de réalité pour les jeunes que de vieilles images d’Epinal. Brian a été la première Rock Star à décéder et le lendemain de sa mort, Jimi Hendrix lui dédia un morceau lors d'un concert. Et à peine un an plus tard se sera au tour de Mick de dédier un morceau à Hendrix, à Paris en 1970. Et l’épidémie des J ne s’arrêtera pas: Janis Joplin, Jim Morisson…

Pour nous les fans, une réalité demeure, sans Brian pas de Rolling Stones. Quant à Jagger/Richards, ils ont tellement appris de lui qu’ils lui seront toujours débiteurs, leur groupe s’appelait Little Boy Blue And The Blues Boys, pensez qu'avec ça ils étaient bien partis !

La personne à qui Brian a fait le plus de mal dans la vie, c’est lui même, pour le reste on est sûr que dans cent ans on écoutera encore Under My Thumb, Paint It Black ou Lady Jane et qu’il y aura bien un vieux radoteur dans mon genre pour expliquer que tout le génie de ces morceaux provient d’un certain Brian Jones. C’est ça l’immortalité, on ne peut guère en demander plus.

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